N° de référence :78J/2920

Origine : Flandres-Audenarde

Époque : XVI ème siècle

Provenance :Collection Privée

Composition : Laine et soie

Dimension : 1.80 L x 2.05 H

Présentation de l’œuvre : Herminie recueillie par les bergers

Cette tapisserie flamande, probablement d’Audenarde, est composée de laine et de soie. Elle date de la fin du XVIe siècle. Elle a pour registre l’histoire de la Jérusalem délivrée du Tasse, et met en image l’épisode d’Herminie recueillie par les bergers. Il s’agit d’un panneau mesurant 2.05m de long et 1.80m de large. Elle faisait probablement partie d’une tenture, dont les autres pièces ont disparu.

La scène se passe dans un paysage forestier, coupé en deux par une étrange colonne recouverte de lierre et constituée de dominos. Au centre se trouve une dame richement habillée, enveloppée d’un ample châle.C’est la figure la plus importante de l’œuvre. Un homme à sa droite s’apprête à saisir les rênes d’un cheval rouge à ses côtés. Ce personnage aux vêtements assez simples serait le serviteur de la femme, et lui amène le cheval. A l’arrière, un homme avec une pelle et un chien s’approche, l’air joyeux, en agitant son bonnet. Il est probablement un paysan, ou un berger. Le second plan présente des scènes annexes, malheureusement coupées. A gauche, une femme s’agrippe à un homme qui tombe à la renverse. Est-ce une embrassade ou une lutte entre amants ? Au-dessus de ce groupe, à l’arrière-plan, est représenté un lit, près duquel plusieurs personnages s’approchent. A droite de la pièce, un attroupement se forme dans un temple, reconnaissable par ses colonnes ioniques. Au milieu de l’œuvre, une grande perspective ouvre sur un paysage urbain. D’un côté du fleuve, des fortifications ont été construites.

La clé de lecture de cette tapisserie se trouve dans la représentation de la colonne au milieu de l’image. Constituée de dominos, elle fait référence à une analyse, appelée « effet domino », du texte de La Jérusalem délivrée de Tasse. L’auteur y décrit des personnages avec une psychologie complexe.

La Jérusalem délivrée raconte l’histoire de la Première Croisade menée par Godefroi de Bouillon et la prise de la ville sainte. Le camp sarrasin s’oppose au camp chrétien, et des aventures amoureuses se mêlent à cet arrière-plan historique. Parmi les personnages, il y a le guerrier chrétien Tancrède, aimé et aimant Clorinde, et désiré par Herminie, toutes deux sarrasines.

La scène principale met en image l’épisode où Herminie se réfugie chez les bergers. Le cadre forestier, la chaumière à l’arrière-plan, le berger accompagné du chien, sont autant d’éléments permettant de supposer cela. Le serviteur à gauche, menant le cheval vers elle, montre qu’elle est digne d’honneurs. Le texte insiste sur la noblesse de la femme malgré l’environnement pauvre dans lequel elle vit désormais. De même, un air de majesté se dégage de cette figure entourée de gens plus simples.

Les scènes annexes sont plus difficilement identifiables. La femme s’agrippant à un homme qui tombe à la renverse peut s’apparenter soit à une étreinte soit à une lutte. L’embrassade entre amants est attendue dans ce récit. Quant au combat, il y a effectivement un affrontement entre Tancrède et Clorinde lorsque cette-dernière vient pour la première fois à sa rencontre. Mais il s’agit d’un combat armé, et non à mains nus comme le montre l’image. Enfin, le paysage urbain à l’arrière-plan se rapproche de la description de Jérusalem dans le texte (présence de fortifications, d’une vallée, et d’éléments marins).

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